Le 12 novembre 2024, la Rencontre thématique romande a réuni quelque 25 personnes à La Datcha, à Lausanne. Thème de cette troisième édition : « Les cafés-récits renforcent les liens entre les générations ».

Photo: Shutterstock

La qualité des liens intergénérationnels et des cafés-récits repose sur les mêmes valeurs de respect, de bienveillance, d’écoute, d’empathie et de partage. En invitant jeunes et moins jeunes à échanger leurs histoires de vie et leurs expériences sur un thème donné, les cafés-récits leur permettent d’acquérir une compréhension de leurs univers et modes de vie respectifs, de s’enrichir mutuellement et de se découvrir des points communs au-delà des âges. L’enjeu est d’autant plus important que le vieillissement démographique nous confronte à de nombreux défis sociétaux.

Les diverses interventions lors de cette rencontre l’attestent : les liens entre les générations renforcent la cohésion sociale et la solidarité, ils favorisent la réciprocité et la transmission de connaissances, ils dissipent les préjugés et changent le regard que les jeunes portent sur les seniors et inversement. Les projets présentés ont suscité de nombreux échanges et réflexions. Ils auront aussi certainement réussi à suggérer des idées à concrétiser !

« Récits intergénérationnels : que des bénéfices à tout âge ! »

Anne-Claude Juillerat van der Linden, neuropsychologue et chargée de cours à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation de l’Université de Genève, a ouvert la rencontre avec une présentation très vivante et inspirante. À l’appui de retours d’expériences, d’études diverses et de nombreux exemples de projets et ateliers qu’elle a initiés ou auxquels elle a activement contribué, elle a montré combien les contextes intergénérationnels sont généralement bénéfiques, aussi bien pour les aînés que pour les plus jeunes.

Vers la présentation

« Mémoire vivante d’un quartier »

« Mémoire vivante d’un quartier » est un projet initié par l’Association Kiosque de la Vignettaz (AKiVi) et coordonné par Georges Neuhaus. Le but était de réaliser une mémoire visuelle de l’histoire du quartier de la Vignettaz et de son évolution, en recueillant auprès de la population des photos, des documents et des transmissions orales. Le projet visait également à favoriser les échanges intergénérationnels entre les habitantes et habitants du quartier, anciens et nouveaux. L’exposition a été inaugurée en juin 2024.

Vers la présentation

« Taling Taling »

Estelle Konté, animatrice socio-culturelle, a beaucoup voyagé en Afrique. Elle s’est inspirée des « taling taling », qui signifie « conte agréable », et des témoignages des anciens des villages de l’Afrique de l’Ouest. Convaincue que les anciens de chez nous ont aussi des trésors à partager avec les plus jeunes, elle a créé, sous l’égide de Pro Senectute Valais, un jeu intergénérationnel autour du partage de connaissances. Des enfants et des adultes âgés de 6 à 99 ans se réunissent ainsi, formant un village imaginaire le temps d’une rencontre. Entre des chants et des contes sur la vie en Afrique, les adultes racontent leurs propres souvenirs d’enfance.

« Ensemble sur le chemin de l’école »

Corine Kibora, chargée de campagne Pedibus pour l’Association transports et environnement (ATE), a présenté le « Pedibus intergénérationnel » dont l’objectif est de favoriser les liens intergénérationnels tout en promouvant la mobilité douce. Les cafés-récits organisés l’an dernier sur le thème du chemin de l’école, au Tessin et dans le canton de Vaud, ont mis en évidence l’intérêt de ce type de rencontre pour les deux publics concernés, les seniors et les enfants. L’expérience se poursuivra, notamment en Valais avec une nouvelle ligne Pedibus accompagnée par des résidentes et résidents d’un EMS et un projet de cafés-récits pour les parents conducteurs de lignes Pedibus.

Vers la présentation

 

Texte: Anne-Marie Nicole

 

 

 

 

 

 

En mars 2025, un changement aura lieu au sein de la codirection de l’association Réseau Café-récits. Vanda Mathis prend la relève de Rhea Braunwalder et forme la nouvelle direction avec Marcello Martinoni.

Vanda Mathis a déjà occupé pratiquement tous les postes dans des associations: coordinatrice d’association, membre du comité directeur, codirectrice ou directrice. Et ce, principalement dans des organisations socialement engagées comme SWISSAID ou l’association Aide aux enfants traumatisés crâniens. Nous sommes heureux d’accueillir Vanda au sein de l’équipe de l’association Réseau Café-récits et avons la conviction que son expertise et sa longue expérience dans ce domaine seront un atout. Bienvenue à Vanda!

La prise de fonction officielle de Vanda Mathis a eu lieu le 17 mars 2025 lors de l’assemblée générale de l’association. Nous répondons volontiers à vos questions: info@netzwerk-erzaehlcafe.ch

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«Les histoires sont pour moi une fenêtre ouverte sur d’autres vies. Fascinée, j’ai accompagné des personnes âgées dans un voyage dans le temps, à travers leurs souvenirs, pour mon travail de fin d’études. Mon premier café-récits, organisé pour les grands-parents d’enfants en situation de handicap, m’a profondément émue. Les mots sont devenus des ponts, les échanges une force. Quand je ne suis pas en train d’écouter des récits, on me trouve un livre à la main, les histoires qui m’occupent l’esprit, ou dans le jardin, où j’espère que les légumes pousseront, pour autant que les escargots ne les découvrent pas avant

Vanda Mathis

 

 

Le premier café-récits organisé à la Bibliothèque de Montreux-Veytaux a suscité beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme (Bibliothèque Montreux-Veytaux)

Le BiblioWeekend 2025 a été l’occasion de faire découvrir les cafés-récits et de mettre en avant l’importance des bibliothèques comme lieu convivial favorisant la cohésion sociale. C’est le choix fait cette année par l’équipe de la Bibliothèque de Montreux-Veytaux. Thème choisi pour ce premier café-récits: «Nos histoires de lecture». Laure Meystre, la directrice, trois bibliothécaires et huit lectrices de la bibliothèque étaient présentes. Une fois les participantes et les collègues parties, Laure Meystre s’est encore prêtée au jeu des questions.

Propos recueillis par Evelyne Mertens*

C’est le premier café-récits organisé à la Bibliothèque de Montreux-Veytaux. À quoi est-ce que tu t’attendais?

J’avais surtout envie de me laisser surprendre. Je n’ai tout d’abord pas approfondi la question de ce qui allait se passer. Puis je me suis rendu compte que j’étais un peu empruntée quand les usagères et usagers demandaient des informations sur le café-récits. Les gens semblaient avoir envie de se préparer. Finalement, l’explicatif que tu m’as envoyé en amont était très clair et j’ai l’impression que c’est exactement ce que j’ai vécu. Il est important d’être transparentes dans les descriptifs d’animation, sinon ça peut faire peur au public.

Le BiblioWeekend a lieu chaque année au niveau national. Quels sont les objectifs pour la Bibliothèque de Montreux-Veytaux?

Le but est d’ouvrir nos portes au public et d’organiser un moment festif, un moment où tout le monde peut venir sur des horaires étendus. Nous proposons trois jours (vendredi, samedi et dimanche) où la bibliothèque est à l’honneur. D’une part, on montre que ce ne sont pas des lieux uniquement tournés vers la lecture, mais aussi des lieux de vie et de socialisation pour petits et grands. Et puis ça permet aussi aux autorités de prendre conscience de ce qu’on fait. Quand toutes les bibliothèques se prêtent au jeu au niveau national, notre programme d’animation est plus visible.

En plus, la thématique de cette année collait parfaitement avec l’animation d’un premier café-récits. Maintenant que tu en as vécu un, en quoi est-ce intéressant pour une bibliothèque de proposer une telle animation?

La notion de récit de vie, c’est quelque chose qui me parle. C’est l’occasion de tisser des liens. Dans un café-récits, on dévoile un petit peu de son histoire devant le groupe. Certaines participantes se connaissaient, mais d’autres pas du tout. Une femme qui apprend le français avait l’air de se sentir à l’aise pour prendre la parole, alors qu’elle ne connaissait personne. Les autres l’ont écoutée. Ça tisse forcément des liens. Peut-être que les participantes qui vont venir à la bibliothèque auront une autre relation avec les bibliothécaires qui étaient présentes. Chaque anecdote racontée a un effet de résonance. Ça a fait revenir des souvenirs que j’avais complètement oubliés. Pour moi, c’est un moment d’introspection, mais en même temps de partage et de lien. Et c’était visible dans l’attitude des participantes.

Qu’est ce qui était nouveau par rapport aux autres animations proposées à la bibliothèque?

On n’a jamais fait quelque chose comme ça! Et il s’est même passé quelque chose d’assez fou: lors des échanges durant la partie «café», un groupe lecture a émergé. Ça a été un déclic pour certaines participantes du café-récits. Elles veulent organiser un club de lecture dans les locaux de la bibliothèque. Une lectrice m’a dit: «Tu te rends compte? Je suis en train de me retrouver un cercle d’amis.» Je trouve extraordinaire. La thématique de ce café-récits portait sur la lecture, mais cela aurait pu porter sur autre chose. L’important c’est qu’on livre une part de soi.

Je le remarque dans chaque café-récits que j’anime, tout le monde a une histoire à raconter. On a toujours quelque chose à dire, il n’y a pas de compétences à avoir.

La matière est déjà là, on n’a rien besoin de préparer. Il faut juste des chaises. C’est un concept hyper simple à mettre en place. C’est ça que je trouve génial: on vient comme on est. Il y avait des participantes d’horizons très différents. Ça veut dire que tout le monde peut venir avec son histoire, elles ont toutes la même valeur. C’est extraordinaire, j’en ai des frissons. Nous organisons un atelier philo qui fonctionne bien, mais on reste sur des thématiques philosophiques. Dans le café-récits, on est dans quelque chose de l’ordre de la découverte. C’était quelque chose de totalement innovant pour nous.

Le problème que nous rencontrons avec la communication autour des cafés-récits, c’est qu’il faut l’avoir vécu pour comprendre vraiment ce que c’est. Il est compliqué d’expliquer ce moment où on est tous ensemble, où on écoute une personne parler et où on se tait. Ça n’arrive jamais au quotidien.

Il faut simplement dire: viens, essaie, tu verras! À l’ère du smartphone où tout le monde communique le regard baissé sur un écran, ça permet de retrouver une forme de tête à tête, de l’écoute et du respect.

On réapprend à écouter. Cela ne va pas de soi, mais les cafés-récits me donnent espoir. Le café-récits d’aujourd’hui était limité à seize ans, mais on peut très bien mélanger les générations. Les enfants ont des choses très intéressantes à raconter, la limite d’âge n’est donc pas obligatoire.

Ce serait une bonne manière de favoriser l’intergénérationnel. En tout cas, j’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à y participer. Et le plaisir est encore plus fort parce que j’ai vu combien ça plaisait aux participantes. Je me dis qu’on a pu apporter quelque chose qui fait peut-être sens. Parfois, je me demande ce que je peux faire pour que le monde aille un peu mieux, à ma petite échelle. Le café-récits peut y contribuer.

*Evelyne Mertens est praticienne en récits de vie et animatrice de cafés-récits. Elle soutient la coordination romande du Réseau Café-récits

 

Le Biblioweekend est un événement national qui vise à promouvoir les bibliothèques auprès du public et des autorités politiques. Chaque année, le temps d’un week-end, le programme des bibliothèques de Suisse se décline autour d’une thématique. L’édition qui a eu lieu du 28 au 30 mars 2025 avait pour thème: «Worte verbinden Welten / Les mots relient les mondes / Le parole uniscono i mondi». Lire, écrire, écouter, raconter, les mots servent tout d’abord à partager nos expériences. On ne pouvait rêver meilleure thématique pour organiser un café-récits ponctuel dans une bibliothèque.

La Bibliothèque de Montreux-Veytaux

En 2023, en marge de son exposition temporaire «Être(s) ensemble», le Musée d’ethnographie de Genève (MEG) a proposé au public quatre cafés-récits sur des thématiques différentes, mais toutes liées à la capacité à communiquer entre espèces différentes du monde du vivant et aux relations qui se nouent entre humains, végétaux et animaux. Entre approche anthropologique et récits biographiques, retour sur cette expérience particulière avec Julie Dorner*.

Une certaine image du Paradis, dont le miracle réside dans l’harmonie entre les êtres qui l’habitent, dans le partage d’une langue commune et la possibilité d’un échange heureux et sans obstacle (Photo: MEG)

Propos recueillis par Anne-Marie Nicole

Julie Dorner, en quelques mots, qu’est-ce que le MEG?

Le Musée d’ethnographie de Genève est une institution de la Ville de Genève qui réunit des collections d’objets, de livres et de documents représentatifs des cultures des cinq continents. Particularité du musée, il abrite une riche collection d’instruments de musique et d’innombrables heures d’enregistrements sonores. Situé dans le quartier de la Jonction, le musée dispose de différents espaces qui peuvent être autant de lieux d’expérience pour les différents publics: le jardin, le café, les salles d’exposition ou encore le foyer qui accueille des activités, des ateliers, des concerts, des performances, etc.

Pourquoi avoir choisi le format des cafés-récits pour compléter le programme des activités autour de l’exposition temporaire «Être(s) ensemble»?

Personnellement, j’ai toujours eu à cœur de proposer des espaces de discussion dans le prolongement des expositions, pour permettre de s’éloigner des concepts scientifiques et laisser la place aux échanges sur les récits et les vécus des personnes. Lors de ma formation en médiation culturelle, j’avais entendu parler des cafés-récits. Le format est intéressant car il offre un cadre à la discussion et au partage d’expériences. Et dans notre cas, il répondait parfaitement bien à l’ambition de cette exposition «Être(s) ensemble»: en tant qu’êtres humains, nous avons toutes et tous des liens avec notre environnement. Le café-récits était donc l’occasion d’inviter les gens à réfléchir à leur rapport au monde du vivant et à partager leurs histoires et expériences en lien avec des plantes ou des animaux.

Vous avez associé l’antenne sociale de proximité à ce projet de cafés-récits. Pour quelle raison?

Pour le MEG, selon les projets, un partenariat est enrichissant et porteur. L’un de nos défis est de savoir comment aller à la rencontre des publics et faire du musée un lieu de discussion et d’échange dans le quartier. Ici, la question de l’accessibilité est importante: le MEG est implanté dans un quartier très animé et populaire et son seuil reste parfois difficile à franchir en raison de l’image plutôt élitiste qui lui est souvent attribuée. Ce partenariat entre l’antenne sociale et le MEG permet à la fois de faire venir des personnes qui, autrement, ne viendraient pas au musée et de donner l’opportunité à notre public habituel de participer à un autre type d’événement. C’est aussi une façon pour le musée de contribuer au vivre ensemble et à la cohésion sociale dans le quartier.

Vous avez organisé quatre cafés-récits, chacun sur un thème différent – notre rapport au monde du vivant, les plantes et nous, les animaux et nous, le vivre ensemble et l’idée du bonheur. Le public a-t-il répondu présent?

Oui, j’ai été très agréablement surprise. Les cafés-récits se sont tenus à chaque fois dans un lieu différent du quartier. Nous avons eu beaucoup de monde. Les récits qui parlaient des relations avec les plantes m’ont beaucoup touchée, alors que c’est le thème qui, au départ, nous paraissait le moins porteur. Les histoires en lien avec les animaux nous ont aussi beaucoup fait rire! Je suis très contente de voir l’intérêt et l’engouement pour ce type de rencontre et du retour positif des participantes et participants.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans la mise en place de tels cafés-récits?

Le choix des thèmes a certainement été un grand défi. Il s’agissait en effet de proposer des thèmes qui favorisent les récits de vie et le partage des expériences vécues, tout en maintenant le lien avec le thème de l’exposition et en veillant à ne pas glisser dans des discours trop théoriques et des débats d’idées. Par ailleurs, nous devons aussi trouver notre public, de surcroît un public qui se sente concerné par ce type d’échanges et qui a envie de participer. Au musée, nous avons tenté de proposer des moments de discussion. Ils ont remporté un succès mitigé, contrairement aux visites commentées.

Envisagez-vous de poursuivre avec des cafés-récits?

Ces premiers cafés-récits peuvent être considérés comme un projet pilote. À voir par la suite… Mais si nous entendons poursuivre dans cet objectif de cohésion sociale et de vivre ensemble dans le quartier, c’est un format que nous pourrions envisager. Il faudrait alors l’inscrire dans une certaine régularité. Comme nous le faisons généralement pour les activités de médiation culturelle hors murs dans le quartier, nous devrons aussi réfléchir à la façon de renforcer le lien entre les cafés-récits et le musée. En ouvrant des espaces de discussion, le musée peut jouer un rôle de facilitateur de lien social entre les générations et la population.

 

* Julie Dorner est titulaire d’un master en ethnologie et est médiatrice culturelle au MEG

Le Réseau café-récits élabore en permanence des fiches d’information pour les animateurs et animatrices. Ceux-ci ont pour but de vous aider dans le choix des thèmes et dans la préparation d’un café-récit. Sont disponibles jusqu’à présent:

Découvrez les guides et n’hésitez pas à nous donner votre avis : info@cafe-recits.ch

Nous sommes heureux de pouvoir compter sur le soutien financier de la Fondation Walder et de la Fondation Paul Schiller, Zurich, pour notre nouveau projet «Cafés-récits pour personnes âgées»:

  • La Fondation Walder soutient des projets qui contribuent à une qualité de vie et d’habitat optimale pour les personnes âgées.
  • La Fondation Paul Schiller, Zurich, soutient des projets d’utilité publique qui visent un développement durable, encouragent une société inclusive, ont un effet multiplicateur, sont actuels et d’intérêt général.

Au cours des deux prochaines années, nous allons ancrer les cafés-récits dans les régions pilotes avec des organisations pertinentes dans le domaine de la vieillesse.

Le récit biographique favorise le maintien de l’identité individuelle et la participation sociale, notamment chez les personnes âgées. Anne-Marie Nicole, coordinatrice du Réseau Cafés-récits en Suisse romande (en photo), raconte dans le magazine Artiset ses expériences avec les cafés-récits dans différents contextes.

Vers l’article

L’initiative #Amitié de Migros-Engagement a été couronnée de succès: le Réseau Café-récits a notamment organisé plusieurs cafés-récits sur le thème de l’amitié. Les animatrices et animateurs partagent leurs réactions ici, sur le tableau d’affichage.

Sylvia Hablützel donne également de plus amples informations sur le sujet dans son interview.

Dans le cadre de l’#initiativeamitié, le réseau Cafés-récits et l’Engagement Migros proposent une série de cafés-récits sur le thème de l’amitié. Natalie Freitag, qui coordonne le réseau Cafés-récits en Suisse alémanique, s’est entretenue avec Silvia Hablützel. L’animatrice expérimentée d’Appenzell Rhodes-Extérieures raconte ce que l’amitié signifie pour elle personnellement.

Interview: Natalie Freitag
Photo: zVg

Natalie Freitag: Silvia, que signifie pour toi l’amitié? Quelle importance lui accordes-tu?

Silvia Hablützel, infirmière et animatrice de Herisau: l’amitié est très importante pour moi. Les gens sont très importants pour moi. Faire des rencontres, avoir des échanges, traverser ensemble les hauts et les bas de la vie. «Ce sont les rencontres avec les gens qui font que la vie vaut la peine d’être vécue»: cette citation de Guy de Maupassant est très parlante pour moi.

As-tu une amitié de longue date? Ou une toute nouvelle? Comment et où ces amitiés ont-elles vu le jour?

Il y a des amitiés anciennes qui ont été très importantes et intenses pour moi à un moment donné de ma vie, par exemple du temps de ma formation, lorsque nous partagions ensemble des visions et des rêves. De cette époque, j’ai trois ami-es qui m’ont accompagnée tout au long de ma vie. C’est aussi par leur intermédiaire que j’ai rencontré mon mari, lorsque nous étions tous les deux témoins de mariage de l’une de ces amies. Des histoires, des expériences me lient aux vieilles amitiés. C’est ce qui crée les liens. Mais il y a aussi de nouvelles amitiés dans ma vie – la nouveauté, pouvoir faire connaissance et se découvrir, c’est passionnant. J’ai aussi des amies que je ne vois pas pendant longtemps et avec lesquelles je ne suis pas en contact, mais malgré cela, le lien émotionnel reste mutuel et nous savons que nous sommes toujours là l’une pour l’autre.

Y a-t-il aussi eu des amitiés qui se sont distendues avec le temps?

Oui, il y en a aussi eu. Une amitié s’est terminée brutalement, passant de contacts fréquents à une rupture totale. Les expériences douloureuses et les séparations font aussi partie du thème de l’amitié.

Es-tu une bonne amie? Que fais-tu pour cela?

Oui, je peux le dire. Je suis à l’écoute, j’ai du temps, je suis présente. Écouter, réfléchir à haute voix et être une sparring-partner qui est aussi critique – dans le sens d’une offre, de la constance, de la confiance et de l’entretien de la relation en donnant des signes, par exemple en écrivant des lettres. Et ce qui est très important pour moi, c’est de rire ensemble.

Parle-nous encore un peu de toi et de ton travail avec le café-récits!

Depuis quatre ans, j’organise des cafés-récits à Herisau, Heiden et Stein dans le canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures. Ceci dans le cadre de mon emploi chez Pro Senectute. Les cafés-récits offrent la possibilité de remplir une partie de ma mission de promotion de la santé des personnes âgées. Permettre l’échange et la communauté, contre la solitude. Il en résulte des rencontres, parfois des amitiés. On se reconnaît dans le village quand on se croise, on va aussi prendre un café ensemble. Ce qui me plaît particulièrement, c’est la profondeur, l’intensité que permet le café-récits. On se rapproche de quelqu’un en une ou deux heures seulement et on partage des choses très personnelles.

Quelle est l’histoire qui te vient spontanément à l’esprit sur le thème de l’amitié?

C’est une belle histoire: c’était lors d’un café-récits sur le thème «Une vie de chien». Une femme avait spontanément emmené sa voisine, car son chien devait justement être euthanasié ce matin-là. Il y avait aussi un homme pour qui les chiens étaient très importants. Ils se sont rencontrés et forment aujourd’hui un couple. Maintenant, ils viennent d’acheter ensemble un jeune chien.

À propos de Silvia Hablützel

Silvia Hablützel est une animatrice de café-récits expérimentée. Elle est infirmière ES/BScN et responsable du programme cantonal «Zwäg is Alter» chez Pro Senectute AR. Vous cherchez une animatrice ou un animateur pour votre café-récits? Vous trouverez des contacts ici.

L’association Réseau café-récits jette un regard sur une année 2023 riche en événements:

  • Environ 315 cafés-récits ont été inscrits dans l’agenda.
  • L’association a pu attirer 99 membres.
  • Une analyse des parties prenantes a été réalisée et une liste de fondations et d’organisations potentielles a été établie pour la poursuite du financement.
  • De janvier à mars 2023, plus de 10 vernissages publics du livre «Erzählcafés: Einblicke in Praxis und Theorie» ont eu lieu en Suisse, en Autriche et en Allemagne.
  • Une trentaine de participants se sont réunis pour échanger lors de l’atelier du 20 mars 2023 à Olten.
  • Du 17 au 19 novembre 2023, les journées des cafés-récits 2023 ont eu lieu dans toute la Suisse sur le thème de «écouter».

Apprenez-en plus sur notre première année en tant qu’association dans le rapport annuel 2023 (PDF).

Vous trouverez tous les rapports annuels ici.