Un café-récits inspirant: le choix de l’écrit pour garder le lien
Renata Schneider-Liengme, qu’est-ce qui a motivé ce projet de café-récits à distance ?
La pandémie, naturellement ! Il me semble qu’une telle activité manque à beaucoup de personnes : se rencontrer, écouter les autres raconter leurs expériences, échanger… Et parce que toutes les personnes intéressées ne sont pas forcément à l’aise avec les outils numériques pour se rencontrer par écran interposé, je leur ai proposé d’utiliser l’écrit pour s’exprimer. Même si je suis consciente, que ça peut aussi freiner certaines d’entre nous. Pour ne pas les exclure, j’ai prévu la possibilité d’être lectrice « muette », tout en informant les autres participantes de leur présence. Dans mon invitation j’ai aussi proposé de retranscrire des histoires racontées par téléphone.
Pourquoi ce thème, « une surprise » ?
Je souhaitais choisir un thème « facile ». Il me semble qu’une surprise peut être facilement racontée, même sans avoir autour de soi la présence des autres participantes et participants qui inspirent nos propres histoires.
Quel accueil a reçu votre invitation à participer à ces échanges par écrit ?
Entre les e-mails et les lettres, j’ai invité 115 personnes à participer à ce café-récits à distance, dont la majorité de langue allemande. Au fin
al, j’ai pu intéresser une vingtaine de personnes, que des femmes, dont douze germanophones. La plupart des personnes qui ont répondu connaissaient déjà le format traditionnel du café-récits. Parmi les réactions, il y a eu des refus nets. Une réaction m’a particulièrement ravie : une amie, à laquelle j’ai envoyé mon invitation m’a répondu qu’elle ne saurait pas quoi me raconter, mais m’a quand même raconté lors d’une rencontre fortuite une belle petite histoire sur la surprise qu’elle a eue quand elle a appris qu’elle allait devenir grand-maman – tout en me disant, qu’elle ne participera pas…
Vous avez aussi joué le rôle l’écrivaine publique.
Oui, j’ai retranscris les récits de deux participantes : celui d’une dame très âgée à qui j’ai rendu visite chez elle pour recueillir son histoire, et celui de sa voisine qu’elle avait aussi invitée et avec qui nous avons tenu spontanément un petit café-récits en présence.
Sans nous dévoiler le secret des histoires qui vous ont été confiées, pouvez-vous nous parler des « surprises » que vous avez reçues ?
Les histoires racontées étaient aussi surprenantes que le thème. Des cadeaux de Noël ou d’anniversaire, des mauvaises et des belles surprises. J’ai pu créer un recueil de sept histoires, aussi bien en français qu’en allemand, que j’ai fait suivre aux participantes. Une histoire en allemand est malheureusement arrivée avec une semaine de retard – mais c’était une superbe surprise pour moi, parce qu’il s’agissait d’une dame qui ne connaissait ni moi ni les cafés-récits !
Comment ont réagi les participantes à réception de la compilation des histoires ?
Après l’envoi par mail des recueils, j’ai eu quelques réactions de personnes très contentes et tout aussi surprises de la collection de ces récits. J’ai apporté les documents personnellement à des dames très âgées que je connais bien et qui apprécient beaucoup le café-récits en salle.
Que gardez-vous de cette expérience ?
Je suis très contente du résultat. Mais j’avoue que cela donne beaucoup de travail ! Les personnes qui ont participé à ce projet étaient contentes, mais elles préfèrent de loin les cafés-récits en présence. Moi aussi… Pour ce qui est la suite, j’ai prévu un lieu (bien situé au cœur de la ville de Fribourg) et deux dates en mai (en allemand) et début juin (en français) pour des café-récits que j’espère vivement pouvoir animer en salle et attirer du monde…